MACHU PICCHU, JOYAU DES ANDES
Une étape très attendue, on s'en cachera pas !
MACHU PICCHU...
Le nom fait rêver. Pourtant plusieurs raisons, qu'on expliquera pas ici, pourraient calmer la joie de celles et ceux qui mettraient l'éthique avant l'esthétique. Nous, on a choisi de faire nos choix en connaissance de cause, une sorte de compromis pour nos esprits voyageurs qu'on tâche, partout où l'on va, de rendre consciencieux.
Pas de passage par une agence et pas de plan précis pour le retour, pour autant de débrouillardise qu'on pourra. La tente sur le dos, pour autant de camping qu'on pourra. Et la popote dans le sac, pour autant de pique-niques qu'on pourra. Vaille que vaille !
On vous raconte même pas le temps et le mal qu'on s'est donné pour réunir toutes les infos dont on avait besoin, en dépit du carcan touristique et commercial très rodé qui entoure le site. Et à la fin, nous voilà experts en "mécanique du Machu Picchu" ! avec une solution qui nous permet surtout de prendre notre temps, cette fantastique liberté de pouvoir prendre notre temps... que bien d'autres n'ont pas en venant ici.
Pour l'heure, c'est la route qu'on aurait bien aimé prendre - seule alternative aux rails - mais un couple de francais s'est fait coincer par des coulées de boue quelques jours plus tôt ; le genre de truc à te faire rater ton billet le jour J pour le Machu. Du coup, tant pis, nous voilà à prendre...
... le train !
Le fameux train qui traverse la partie nord-ouest de la Vallée de l'Inca, à partir du village d'Ollantaytambo. Il part du km 75, avant de passer par le km 82 où démarre le trek très réputé du Chemin de l'Inca, puis rejoint Aguas Calientes, la petite ville aux pieds du Machu, au km 111. Il est cher, très cher le salaud, mais il faut reconnaitre qu'il passe par de splendides paysages ; notamment ceux que forment les montagnes qui commencent sérieusement à s'acérer et se refermer sur la vallée...
... comme si on foncait tout droit dans un arcane brumeux ...
Une nouvelle tombe alors, et elle nous intéresse au plus haut point : aucun guide, aucun office de tourisme n'en parle, mais il parait qu'on peut prendre un chemin qui longe les rails !! il serait donc possible de joindre, à pieds, Aguas Calientes à Ollantaytambo. Ca pourrait bien faire l'affaire pour notre retour...... A suivre.
En attendant, nous y voilà à Aguas Calientes ! Construite à flancs de montagne (et quels flancs !) elle a tout de même, malgré ses nombreux hotels et restos, conservé des allures de ville du bout du monde. Tourné vers l'invisible Machu caché en haut des cimes et dans son brouillard, Manco Capac, dernier empereur inca, montre la bonne direction :
Celle que l'on prendra demain !
Et après une courte nuit, nous y voilà.
Tout démarre à 4h30 du matin dans le halo d'une lampe frontale, quand même un peu aidée par la lune, qui éclaircit nos pas sur les plus de 1700 marches (!) qu'il nous faut gravir pour atteindre le site. La faute aux bus à 10 dollars que l'on a refusé de prendre, mais on leur en veut pas, c'est une très bonne mise en jambes et l'excitation fait oublier l'effort.
Pendant ce temps là, le jour se lève...
... et plante déjà le décor...
Arrivés aux portes du site à un peu moins de 6h, nous sommes dans les tous premiers pour l'ouverture, prévue dans 3mn. Il nous en faudra même pas 5 pour y pénétrer et parvenir au bout des premières terrasses. Et là....
Te voila, toi......
La cité est encore endormie, complètement vide.
On traverse vite fait le site, les ruines attendront ; ce qui nous importe, c'est de rejoindre rapidement l'entrée du Wayna Picchu, de l'autre côté. C'est qu'un jeu de cache-cache avec les touristes vient de commencer, bien qu'ils ne soient pas si nombreux. La plupart viennent de Cuzco et suivent un parcours identique avant de repartir vers 14-15h pour rentrer ; nous, on a tout notre temps !, et on se délèctera de croiser très peu de monde, pendant toute la journée. Le pied.
Quant au Wayna Picchu, c'est le truc tout raide là bas...
Véritable aiguille, droite comme un "i", fièrement dressée 700m plus haut que le río en contrebas,
Ce qui laisse imaginer l'allure de la pente pour atteindre son sommet...
Mais qu'est ce que les incas sont allés faire si haut ? Il n'y a rien ici que des parois abruptes et de la roche ! Et pourtant... de cet environnement archi-hostile, émergent soudainement....
... des terrasses ! et des habitations.... qui semblent happées par le vide.
Ces incas étaient des fous prodigieux... Ils ont faconné la montagne à leur convenance, en créant des structures qui ont bravé toutes les catastrophes naturelles, dans un milieu où personne aujourd'hui ne serait capable d'aller en se disant "Tiens, on va construire ici, ca passe...."
Et après un peu moins d'1h de montée à sensations, nous voilà enfin au sommet.
Un régal que cet incroyable 360 degrés sur les montagnes tranchantes et à peine évasées des alentours ; succession de pointes aigues qui s'élèvent dans les nuages avant de plonger tout droit dans le río...
Une merveille...
Bien sûr, le Machu est juste derrière, tapis dans le brouillard, il joue même à cache-cache avec...
Plus raide et plus à pic encore que le chemin qui mène au sommet : celui qui descend derrière, vers la Grande Caverne...
Là c'est carrément du sport à sensation !...
Mais le chemin dévale quasiment jusqu'à la rivière tout en bas, ce qui veut dire tout remonter après, chose qu'on a déjà fait à 4h30 du matin ! On va quand même pas pousser... Ceci dit, rien que les 20 premières minutes de descente valent la chandelle et sont suffisamment exténuantes...
Retour aux terrasses plongeantes qu'on apercevait tout à l'heure
Et là, plus que l'ancienne cité encore, c'est le décor qui sublimise l'endroit...
La vue n'est pas écrasante que par sa beauté...
... elle l'est aussi par sa verticalité...
On se sent étourdis par tant d'espace et de démesure,
Un peu petits, et très fragiles à la fois.
Il est temps de redescendre...
Direction le Pont de l'Inca, en traversant le site, le départ se faisant du haut des terrasses à droite. Un chemin qui servait à la fois d'entrée secrète et d'échappatoire...
... évidemment, toujours aussi vertigineux...
... sinon c'est pas marrant...
Le sentier passant obligatoirement par le pont, les Incas pouvaient en barrer l'accès, simplement en retirant les planches qui le constituent. Simple, mais ingénieux.
Taillé dans la roche à flanc de paroi, il est réellement incontournable, ni par dessus ni par dessous.
Et que dire des escaliers qui le prolongent derrière ? Etroits et escarpés qui se perdent dans une végétation qui pousse quasi à l'horizontale... Où va ce chemin quand tout autour n'est que falaise abrupte ? Par quel endroit ahurissant ont-ils encore eu l'idée de passer ?...
Décidément les pierres ne parlent pas... pas plus que les lamas...
Mais elles sont fascinantes ces pierres, encore enveloppées dans leur écrin de mystères.
Incontestablement, le charme agit. Et comme les Incas l'étaient probablement à leur temps, on se sent en adoration pour la nature et les éléments...
... en vénération pour la grandeur des Andes !
Les Incas avaient de l'inspiration. Maitrisant la montagne mais sans jamais avoir la prétention de la dompter, ils ont construit cette cité, à mi-chemin entre le ciel et la terre, avec beaucoup d'intelligence. Pas le temps ici d'en énumérer les détails mais le résultat est...
...éblouissant...
Pour autant, les interrogations sont encore nombreuses sur la cité et il n'est pas rare d'en avoir des interprétations différentes, laissant planer des doutes éternels sur le fonctionnement de la société inca, et jusqu'à la vocation même du site.
Tant pis, tout ce qu'on peut faire à notre niveau, c'est l'apprécier tel qu'il se présente aujourd'hui à nous, à défaut de l'apprécier à sa juste valeur. Et c'est peut-être pour ca que le soleil a tenu, en fin de journée, à nous le montrer sous un autre jour...
... un Machu baigné de lumière, avec ses ruines couleur or, en parfaite harmonie avec tout ce qui l'entoure. 
Rares sont les moments aussi exceptionnels ; et même quand on sait que des milliers d'autres l'ont vécu avant nous, on ne peut rester insensible devant un tel spectacle ; respectueux, conquis, à genoux presque, devant ce joyau de la civilisation.
Et nous, ca nous fait aimer encore plus la vie !
Et on le montre !!
On quitte le site archi-derniers, poussés dehors par les vigiles, après avoir profité pleinement des 11h d'ouverture... Cette journée aura vraiment été parfaite. Pour mieux s'en rendre compte encore, il faut se remémorer les kilomètres parcourus et tous les moyens, les efforts, que l'on aura fourni pour en arriver là, pour pouvoir vivre ca un jour...
... comme l'aboutissement d'un rêve qui se réalisait enfin...
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